Marc Valleur : les jeux en réseau peuvent générer une dép...

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Marc Valleur : les jeux en réseau peuvent générer une dép...

Messagede vallauri le 17 Nov 2007, 08:49

La Croix - La-croix.com - 23.02.2007


Marc Valleur, psychiatre, chef du service de soin aux toxicomanes de l’hôpital Marmottan : « Les jeux en réseau peuvent générer une dépendance »



Les jeux en réseau procurent le sentiment rassurant de fréquenter un monde où les règles sont fixes. Et deviennent parfois un refuge


Les jeux en réseau génèrent-ils une dépendance ?


Marc Valleur : Il faut mettre de côté Second Life, qui est un phénomène à part. Si l’on parle tout d’abord des jeux multi-joueurs, du type World of Warcraft, le plus connu d’entre eux, il faut reconnaître qu’une dépendance existe. Nous avons des patients qui viennent consulter en déclarant qu’ils ont besoin d’une aide pour s’arrêter. Ils font le constat que le jeu a des conséquences négatives dans leur vie, car leur pratique se fait au détriment de leurs relations avec leur entourage ou de leur investissement dans leur travail. Mais ils n’arrivent pas à s’en sortir seuls. Ils ont besoin d’une aide extérieure.
À partir de combien d’heures de jeu est-on dépendant ?


On ne peut pas le dire. La dépendance existe à partir du moment où la personne n’arrive plus à gérer sa pratique. Ce n’est pas une question de durée. Cependant, on constate que les personnes qui souffrent jouent plus de 35 heures par semaine, soit l’équivalent d’un travail à plein-temps.
D’où vient cette dépendance ?


La plupart des personnes dépendantes sont des adolescents et l’on observe que, pour eux, cette pratique correspond à une fonction de refuge. Ils y trouvent un sentiment sécurisant de maîtrise. Ils sont dans un monde où ils affrontent des armées, des dragons. Mais les risques demeurent virtuels. La mort est réversible.

De plus, c’est un monde où les efforts sont récompensés selon des règles justes, à la différence de la vie réelle. Nous voyons des jeunes qui nous disent : « J’ai horreur de la compétition à l’école, des hiérarchies au travail. » Mais ils participent à ces jeux qui comportent des classements rigides, où le joueur est en permanence en lutte. Car dans les jeux, les efforts sont mathématiquement récompensés, alors que dans la vraie vie, notre destin nous échappe.
Comment soigner de tels adolescents ?


C’est relativement facile car ces patients n’ont aucun problème lourd. Ils viennent souvent de familles dans lesquelles on les a sur-investis, ou bien dans lesquelles il existe des tensions non dites. Ils doutent de leurs capacités à affronter la réalité et se réfugient dans cet univers. Pour les soigner, on les reçoit. Au début, ils nous parlent sans arrêt du jeu. Mais très vite, cela leur donne un certain recul. Ils se détachent du jeu pour parler de leurs vraies difficultés.
Cela concerne-t-il beaucoup de monde ?


Il n’existe aucune étude fiable sur ce phénomène. Je pense que l’on a plutôt tendance à surestimer l’ampleur du problème. De plus, il faut démentir une idée reçue. Les jeunes qui jouent à ces jeux ne sont pas particulièrement violents dans la vie réelle. Souvent, c’est même le contraire. Ils manquent totalement d’agressivité.
Et en ce qui concerne Second Life, la même dépendance existe-t-elle ?


Second Life est un espace très particulier. Il donne la possibilité aux participants d’inventer leurs propres règles en faisant tout ce qu’ils n’osent pas faire dans la vie réelle. Mais surtout, l’argent virtuel gagné dans le jeu peut être converti en argent réel. Du coup, je ne suis pas sûr que ce soit purement un jeu ni un espace virtuel. Ainsi, beaucoup d’activités n’obéissent plus à une logique ludique. Il existe dans le jeu une vraie compétition entre des gens qui ont de vraies compétences et qui l’utilisent pour atteindre le but qu’ils se donnent. Comme dans la vie réelle.

L’intérêt est que cet espace peut permettre à un joueur de s’essayer à une activité, voire faire la preuve de ses capacités. Le risque est alors que cet espace virtuel soit complètement contaminé par la réalité, avec les mêmes publicités, les mêmes partis politiques. Alors, ce monde virtuel aura-t-il encore un intérêt ?

Je n’ai pas encore observé de dépendance à ce jeu. Si des cas se produisent, cela relèvera plutôt de la dépendance au jeu d’argent ou à la pornographie, qui sont d’autres addictions connues. Mais là, cela ne relève plus tout à fait d’une dépendance au virtuel.

Recueilli par Alain GUILLEMOLES

Source : http://www.la-croix.com/article/index.j ... rubId=786#
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