Cyberdépendance : 300.000 internautes totalement accros ?
RÉDACTION DE FRANCE INFO - 22 NOVEMBRE 2007 - 06:03
Blogs, chats, jeux en réseau… L’addiction au virtuel, comparable à une toxicomanie sans drogue, toucherait 1% des 30 millions d’internautes français, selon le psychiatre Jacky Gautier. Avec des effets désastreux chez les sujets les plus fragiles.
L’enquête de Franck Cognard (4'31")
http://www.france-info.com/IMG/mp3/le-p ... -00-57.mp3
Le 23 mars dernier, Jordan se suicide en sautant par la fenêtre de l’appartement familial à Grenoble. Ce jeune homme de 24 ans, "bronzé et bien bâti" selon sa mère, avait changé du tout au tout en quelques mois. Amaigri, replié sur lui-même, ingurgitant des "litres de café” et "fumant cigarette sur cigarette". Totalement accro à son ordinateur, Jordan passait jusqu’à 19 heures par jour sur un site de jeux en réseau. Cyberdépendant au dernier degré.
Arielle Poncin, la mère de Jordan qui s’est suicidé en mars dernier (4'58")
http://www.france-info.com/IMG/mp3/web- ... -25-30.mp3
Blogs, chats, jeux en réseau… L’usage compulsif d’internet, des consoles et autres téléphones portables est un phénomène récent qui touche surtout les moins de 25 ans. Heureusement, une infime minorité de joueurs, surtout dans les proportions décrites par Arielle Poncin. Même si cette forme d’addiction est extrêmement chronophage : certains "hard gamers" peuvent en effet passer plusieurs dizaines d’heures par semaines devant un écran d’ordinateur.
Toxicomanie sans drogue
"Il ne s’agit plus d’une dépendance à un produit mais d’une dépendance comportementale", souligne le psychiatre Marc Valleur dans le rapport "Adolescents en souffrance", rédigé par la Défenseure des enfants, Dominique Versini. Mais la cyberdépendance finit fatalement par rendre les contacts humains directs plus rares, elle débouche sur une diminution des relations familiales, de la vie sociale et amicale, et par un repli sur soi de plus en plus important.
Si les jeux vidéo ont une valeur addictive, ajoute le psychologue Michaël Stora dans le même rapport, c’est "parce qu’ils n’ont pas de fin". Et puis le cyberdépendant ressent un "sentiment de toute puissance" puisque son corps est dégagé de toute contrainte physique et que la manette "transforme le joueur en héros".
Le docteur Dan Véléa - radioscopie des cyberdépendances (6'16")
http://www.france-info.com/IMG/mp3/web- ... -36-16.mp3
Comme pour toute forme de toxicomanie, les symptômes de la cyberdépendance sont doubles : à la fois somatiques (troubles du sommeil, maux de tête, altération de l’appétit) et psychiques (désintérêt général, désinvestissement relationnel). Deux signes doivent alerter l’entourage du cyberdépendant : la consultation compulsive de l’ordinateur dès le saut du lit conjuguée à l’absence totale de relations sociales directes et d’autres activités.
Comme la morphine ou l’héroïne
On observe chez les cyberdépendants un déséquilibre de la même région du cerveau que chez les toxicomanes : sous l’effet de la libération excessive par l’organisme d’une "petite morphine", le "circuit de la récompense" se déséquilibre jusqu’à avoir des conséquences dramatiques chez les sujets les plus fragiles psychologiquement.
Le docteur William Lowenstein explique les mécanismes de la cyberdépendance (6'18")
http://www.france-info.com/IMG/mp3/web- ... -31-18.mp3
A Mulhouse, l’association Le Cap a organisé la semaine dernière une opération unique en France intitulée "Deux jours sans écrans". Elle a distribué aux quelque 6.000 lycéens concernés des dépliants d’information et des questionnaires pour "s’autotester". Il s’agissait de sensibiliser les jeunes, parents et enseignants des quatre lycées de la ville aux dangers de la cyberdépendance. Et de leur proposer de se passer d’écran pendant 48 heures, histoire de vérifier ce qu’affirme toujours un accro : "J’arrête quand je veux". Chiche !
Enquête et reportage : Franck Cognard
Dossier web : Gilles Halais
Source : http://www.france-info.com/spip.php?art ... _theme=184