L'affaire du trader de la Société Générale

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L'affaire du trader de la Société Générale

Messagede vallauri le 01 Fév 2008, 19:33

Le Monde

L'affaire du trader de la Société Générale révélatrice du rapport de la société à l'argent

AFP 29.01.08 | 11h27

L'affaire du trader de la banque Société Générale apparaît comme révélatrice du rapport à l'argent d'une société où les individus sont amenés à cohabiter en permanence avec le virtuel, estiment des spécialistes. "Cette histoire est le symptôme d'une relation folle à l'argent", indique Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie et d'addictologie à l'hôpital Bichat (AP-HP - Paris), se refusant toutefois, comme les autres spécialistes interrogés par l'AFP, à s'exprimer sur le cas précis du trader de la SG. Sur un plan général, les psychiatres insistent sur l'importance croissante de la dépendance au virtuel, expliquant que le phénomène actuel de "flou" entre réel et virtuel dépasse largement la population adolescente. "L'argent de la finance est pris dans cette virtualité", indique le Pr Lejoyeux, qui différencie l'argent qu'on joue ou dépense sur internet de l'"argent réel". "Ce n'est pas sûr qu'émotionnellement ce soient les mêmes argents", précise-t-il, expliquant comment des patients peuvent dépenser des sommes considérables en achetant en ligne, alors qu'ils refuseraient de sortir un billet de leur poche. Le virtuel est "le principe de la spéculation", estime Marc Valleur, psychiatre et médecin chef du centre Marmottan à Paris, citant l'exemple récent de la crise des subprime, aux Etats-Unis: "le seul argent réel c'est celui que les gens ne parviennent plus à donner pour payer leur petite maison, tout le reste c'est du virtuel". Dans les activités boursières, poursuit-il, "on jongle avec des sommes tellement faramineuses que ça devient des attractions pures, de la puissance, du pouvoir, de la réussite ou de l'échec, mais ce n'est plus convertible en choses concrètes". "La toute puissance de cet argent virtuel est une toute puissance qui ressemble beaucoup à des jetons de casino ou à des monnaies de royaumes imaginaires avec lesquelles des adolescents peuvent jouer pour s'acheter une île", estime de son côté le Pr Lejoyeux. Le Dr Valleur compare aussi la Bourse et les jeux de hasard, observant des "mécanismes psychologiques très proches entre certains joueurs et certains traders". "Des personnes qui se mettent à spéculer pour leur propre compte en direct sur internet peuvent tout à fait utiliser la Bourse comme un jeu avec les mêmes problèmes d'abus, de dérapages, de pertes de contrôles". De son côté Jean-Luc Vénisse, psychiatre et chef du service d'addictologie au CHU de Nantes, juge "abusif de mettre sur le même plan ce qui concerne les joueurs pathologiques et les joueurs professionnels que sont à leur manière les spéculateurs boursiers, a fortiori quand il s'agit de traders institutionnels". Thomas Gaon, psychologue clinicien, membre de l'Observatoire des mondes numériques en sciences humaines, met pour sa part en garde contre "le risque d'expliquer au niveau pathologique ce qui est encouragé par la société elle-même, c'est à dire la prise de risques et le gain d'argent".

Source : http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14 ... -46,0.html
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